L'artisanat autour de Oaxaca
On quitte les plages et la chaleur pour les montagnes, mais qui dit montagnes dit routes difficiles pour Carapatte ! On nous a prévenu, la route est mauvaise et il faut au moins 7h pour faire les 250 km qui nous séparent de Oaxaca.
Cuve d'eaux noires : vide ; cuve d'eaux grises : vide ; cuve d'eau propre : à moitié remplie ; plein d'essence : fait (ça évite que la pompe à essence surchauffe). Nous voilà prêts ; le moins lourd possible.
Au début, effectivement, la route est pleine de trous et parfois à peine goudronnée, mais ensuite elle est toute neuve. Elle vient juste d'être refaite, quelle chance ! Mais ça monte, ça monte. Au bout de 2 heures de route (et 60 km parcourus), Carapatte réclame une pause. 35 min plus tard on repart et 10 km plus loin, une nouvelle pause s'impose. On en profite pour manger. On reprend la route pour faire 8 km ! Encore une pause puis on redémarre et quelques minutes après... ça descend ! Ouf, on vient de passer la première montagne à 2000 m. Trop facile la descente ; on arrive à rouler un peu plus d'une heure sans s'arrêter. Mais il faut passer une deuxième chaîne de montagnes tout aussi haute que la précédente. 30 min de pause, 6 km parcourus, 30 min de pause, 7 km parcourus ! Il est 16h20, on est parti depuis 7h30 et on a fait la moitié du chemin... Ça suffit pour aujourd'hui. Bonne nuit !
Le lendemain, on finit la route sans encombre. Carapatte est fraîche et la montée pas trop longue (on en avait fait une bonne partie la veille).
Nous voilà dans les environs de Oaxaca, là où sont fabriqués tous les produits artisanaux vendus dans le Mexique. Nous décidons de visiter différents villages, chacun ayant sa spécialité.
San Bartolo Coyotepec - poteries noires
Selon une technique ancestrale utilisée par les indigènes, les femmes et les hommes réalisent des belles poteries. Ils utilisent deux assiettes posées l'une sur l'autre pour faire tourner leur objet.
La poterie brute est stockée huit jours dans un sac plastique pour la maintenir humide ; ensuite on peut la graver et réaliser de beaux motifs. Avant la cuisson, elle est frottée avec une pierre de quartz pour lui donner un aspect brillant. Certaines pièces sont tellement lisses et brillantes qu'on dirait du métal.
San Martin Tilcajate - alebrijes
Les «alebrijes» sont des sculptures en bois représentant le plus souvent des animaux imaginaires, puis peintes avec des couleurs vives.
Nous y avons fait une belle rencontre avec Benito et sa famille. Ils nous ont expliqué les différentes étapes de fabrication : sculpture du bois vert, séchage au soleil, polissage, trempage dans l'essence pour repousser les petites bêtes, peinture.
Victor, un des frères de Benito, s'est spécialisé dans une peinture en noir et blanc, très, très minutieuse.
Le résultat est impressionnant.
Nous rencontrons ensuite Miguel qui nous propose de faire un atelier pour les enfants. Les voilà partis dans la réalisation de leur première «alebrije». Il faut d'abord choisir un animal sculpté au préalable par Miguel.
Ensuite, ils peignent la couleur de fond
et enfin ils rajoutent les détails.
Miguel les aide pour les motifs les plus délicats.
Et voilà le travail !
Pas mal pour une première oeuvre. Avec des années d'expérience, les réalisations sont magnifiques.
Santo Tomas Jalieza - textiles
En route pour le prochain village, nous nous arrêtons manger dans un restaurant sur le bord de la route. Nous dégustons des «tlayudas», tortillas garnie de viande, purée de haricots rouges, légumes et fromage. Un régal ! Nous mangeons à 6 pour moins de 15$.
La propriétaire nous propose ensuite de faire un tour dans les cuisines.
Le maïs mijote dans une marmite ; ensuite il sera réduit en farine pour faire les tortillas.
Des jeunes filles passent des heures à faire cuire des centaines de tortillas ; elle prennent une petite boule de pâte qu'elles aplatissent sous une presse (Guillaume a fait un petit essai) puis elle pose la «crêpe» délicatement sur une plaque au-dessus du feu.
À Santo Tomas, nous ne verrons pas grand chose. Sur la place centrale, il y a un petit marché artisanal où les femmes vendent leur production (sets de tables, sacs en tout genre...). Quand elles n'ont pas un client à attirer, elles tissent un peu plus loin.
Ocotlan de Morelos
Les bâtiments municipaux sont décorés de belles fresques peintes par Adolfo Morales.
Dans l'ancien couvent, il y en a même une avec différents édifices de Paris.
Sur le marché, les femmes vendent des herbes aromatiques en tout genre, des «feuilles» de cactus en pagaille et des fleurs de courgettes. Que cuisine-t-on avec tout ça ?
Nous visitons aussi une chocolaterie où chacun peut venir avec ses fèves de cacao et repartir avec un sac de chocolat en poudre.
Les fèves, additionnées de cannelle et d'amandes, sont broyées et mélangées à du sucre (beaucoup de sucre !).
Le mélange obtenu passe de nouveau dans un moulin qui réduit le tout en poudre fine.
Teotitlan del Valle - tapis
Notre village coup de coeur
Nous y restons trois jours à observer la travail d'une famille adorable. Une rencontre au détour d'une rue, une visite d'atelier, l'achat de quelques tapis et nous voilà choyés.
Nous avons installé Carapatte dans le jardin de Monica.
Eugenia nous montre comment on file la laine.
Antonio nous propose de venir observer le procédé de teinture de la laine.
Suivant le temps de trempage, la coloration est plus ou moins intense.
Avec les trois couleurs primaire obtenues à partir de plantes, ils arrivent à réaliser une grande variété de teintes.
Une fois la laine sèche, il faut l'enrouler sur du bambou pour faire des bobines de fils.
Ensuite, il n'y a ''plus qu'à'' tisser pendant des heures pour obtenir de merveilleux tapis.
Eduarda passe toutes ses journées (même le dimanche) à tisser pendant une dizaine d'heures. Elle a des mains expertes et exécute tous ses mouvements à une vitesse impressionnante. On reste longtemps à l'observer ; les enfants sont en admiration.
Une fois le tissage terminé, il faut brosser le tapis et enlever toutes les petites herbes qui sont restées accrochées à la laine.
Toutes les générations participent au travail. Les plus jeunes (vers 5-6 ans) cardent la laine, ensuite ils apprennent à la filer et vers 15 ans ils réalisent leur premier tapis.
Pour les remercier du temps qu'ils nous ont consacré, on leur apporte des crêpes. C'est tout nouveau pour eux et ils aiment ça !
Le lendemain on en refait avec Monica pour qu'elle puisse ensuite en refaire seule.
Je profite de notre séjour prolongé pour aller flâner dans le marché qui a lieu chaque matin. J'ADORE les marchés ! Les femmes ici sont belles et souriantes. Les plus âgées tressent leurs longs cheveux avec des rubans puis les fixent autour de leur tête.
Santa Maria Atzompa - poteries
À l'origine le village était spécialisé dans les poteries vertes. Maintenant on y trouve des poteries variées.
Nous sommes allés rendre visite à Bertha qui a accepté de nous faire une petite démonstration de son talent. Une fois les pots formés, ils sont placés une journée sous un plastique pour qu'ils durcissent un peu puis elle peut graver les motifs. Pendant 1/2 heure, elle manipule aiguilles, tiges métalliques et couteaux avec rapidité et précision.
Les poteries doivent ensuite sécher avant d'être cuites puis éventuellement peintes.
Et voilà le résultat !
Il est temps maintenant pour nous de reprendre la route. On doit quitter le Mexique dans une dizaine de jours (expiration de notre visa) et le chemin est encore long. En route Carapatte !